Le rapport publié par l’Observatoire National de la Rénovation Énergétique (ONRE) offre un état des lieux complet sur la performance énergétique des logements en France au 1er janvier 2024. Ce document, fondé sur les diagnostics de performance énergétique (DPE) réalisés entre octobre 2023 et mars 2024, met en évidence les progrès réalisés mais aussi les défis persistants. Cet article propose une analyse critique du rapport et discute des perspectives d’amélioration.
État des lieux de la performance énergétique
Le rapport révèle que 13,9 % des résidences principales en France sont des « passoires énergétiques » (étiquettes F et G du DPE), soit environ 4,2 millions de logements. Ce chiffre est en baisse par rapport à 2023 où le pourcentage était de 15,7 % (soit 500 000 passoires énergétiques en moins). Cette réduction peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment l’application des lois « Énergie et Climat » et « Climat et Résilience », ainsi qu’aux efforts de rénovation énergétique.
Catégorie | 2023 | 2024 | Variation |
---|---|---|---|
Nombre de passoires (étiquettes F et G) | 4,8 M | 4,2 M | -0,6 M |
Pourcentage des résidences principales | 15,7 % | 13,9 % | -1,8 pts |
Cette baisse reflète des progrès concrets dans la réduction des logements énergivores. Cependant, le rythme de ces améliorations doit s’accélérer pour atteindre les objectifs fixés par la stratégie nationale bas carbone (SNBC).
Image d’illustration © SDES
Analyse par type de logement
Résidences principales : Le parc locatif privé est le plus concerné avec 15,9 % de passoires énergétiques. Le parc locatif social est mieux classé avec seulement 7,4 % de passoires.
Type de logement : Les maisons (15,6 % de passoires) sont plus affectées que les appartements (11,7 %). Les petits logements de moins de 30 m² sont les plus vulnérables avec 28 % de passoires avant réforme et 21,6 % après l’ajustement des seuils de DPE au 1er juillet 2024.
Ancienneté du logement : Les logements construits avant 1948 sont les plus énergivores avec près de 29,1 % de passoire
Type de logement | Pourcentage de passoires |
Maisons | 15,6 % |
Appartements | 11,7 % |
Logements < 30 m² | 28 % (avant réforme) |
Logements < 30 m² | 21,6 % (après réforme) |
Graphique : Répartition des passoires par type de logement
« LE PARC LOCATIF SOCIAL RESTE MOINS ÉNERGIVORE QUE LE PARC PRIVÉ
La part de passoires énergétiques estimée dans le parc social reste beaucoup plus faible que dans le parc privé (7,4 %, soit 350 000 logements d’étiquettes F et G dans le parc social, contre 12,7 %, soit 3,9 millions de logements pour le parc privé) »
Des disparités régionales assez fortes
Certaines régions sont plus concernées que d’autres. L’Île-de-France est en tête avec 20 % de passoires énergétiques et près de 43,8 % des logements classés de E à G. Cette situation s’explique par la forte présence de petits logements (moins de 60 m²), qui sont souvent mal isolés.
Région | Pourcentage de passoires |
Île-de-France | 20 % |
Bourgogne-Franche-Comté | 15 % |
PACA | 14 % |
Hauts-de-France | 13 % |
Normandie | 12 % |
Centre-Val de Loire | 11 % |
Grand Est | 11 % |
Auvergne-Rhône-Alpes | 10 % |
Occitanie | 9 % |
Nouvelle-Aquitaine | 9 % |
Tableau : Répartition des passoires énergétiques (DPE G ou F) par région
Les effets de la réforme du DPE sur les petites surfaces
En mai dernier, nous avions effectué un article complet sur la réforme du DPE pour les petites surface afin que ces dernières soient moins pénalisées (cliquez ici pour consulter l’article).
Pour rappel, avec les critères de calcul du DPE, les petites surfaces affichent une proportion significativement plus élevée de passoires thermiques. Cette situation peut s’expliquer par deux facteurs principaux :
Consommation d’eau chaude sanitaire (ECS) : La consommation d’ECS par mètre carré est plus élevée dans les petits logements, car ces derniers sont souvent occupés de manière plus dense mais surtout avec des équipements (ballon d’eau chaude) d’une taille démesurée par rapport aux besoin du logement. Chauffer 100L est plus pénalisant pour un logement de 19m² que pour un logement de 50m².
Indice de compacité thermique : Les petits logements présentent une proportion plus importante de parois déperditives par rapport à leur surface habitable, ce qui entraîne des pertes de chaleur accrues et, par conséquent, une consommation de chauffage plus élevée rapportée à la surface.
Pour corriger ces déséquilibres, le mode de calcul du DPE a été révisé au 1er juillet 2024. Cette modification, issue de l’arrêté du 25 mars 2024, a ajusté les seuils des étiquettes énergétiques pour les logements de moins de 40 m², réduisant ainsi le nombre de passoires identifiées dans cette catégorie de logements.
La réforme des seuils des DPE au 1er juillet 2024 a permis d’éliminer environ 120 000 passoires du parc des résidences principales, réduisant le taux de passoires de 13,9 % à 13,5 %. Annoncé comme une mesure majeur permettant de sortir bon nombre de logement injustement pénalisé en raison de critères de calcul, nous voyons que l’impact est modeste.
Cette révision des seuils cible principalement les petits logements, qui sont souvent affectés par des critères de compacité thermique et de consommation d’eau chaude.
Lien de l’enquête sur le site de Ministère de la justice
Pour consulter l’enquête réalisée par l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE) cliquez ici.